Dune II Battle for Arrakis

Avant Dune II il y a bien les Populous et Civilisation qui posent les bases d'un genre naissant en ce début de décennie, le jeu d'exploration-gestion-conquête.

Pourtant affirmer qu'un seul jeu a écrit les codes de la Stratégie Temps Réel est une évidence aujourd'hui, tant le genre doit tout ou presque au jeu de Westwood.

Les principaux apports de Dune II sont encore d'actualité aujourd'hui, citons à la volée:

• Le fait de toujours suivre le même schéma: collecter des ressources, construire et sécuriser sa base avant de partir à la conquête du monde
• L'interface jouable entièrement à la souris
• La partie gestion avec la construction de bâtiments interdépendants
• L'apparition de nouvelles unités plus puissantes au fur et à mesure que l'on avance dans les missions

Sans compter le choix obligatoire d'un camp en début de partie, les briefings de mission et un temps qui s'écoule inexorablement par opposition au jeu tactique au tour par tour.

exit la tactique du tour par tour, il faut se décider et réagir vite, la réflexion s'allie à l'action

Cela implique une nouvelle façon de jouer, assembler des ressources tout en créant une armée pour les protéger afin d'atteindre l'objectif. La construction d'une base passe par des étapes obligatoires, avec toujours un œil sur les ressources et un autre sur la carte pour découvrir les zones masquées par le fameux brouillard de guerre.

De la naît ce dilemme du joueur de STR, à savoir de quelle manière optimiser ses ressources et son temps pour atteindre l'objectif sans sacrifier la récolte de ressources à la production de son armée.

A travers ce gameplay simple mais efficace, se cache une grande profondeur stratégique, même si, il faut le dire, les mécaniques de l'époque risquent de vous apparaitre aujourd'hui un brin arides (comme le désert d'Arrakis):

• le fait de sélectionner et de donner les instructions aux unités une par une est une véritable plaie
• l'absence du clic droit pour déplacer les unités
• la trop grande ressemblance entre les 3 camps

On pourrait citer d'autres limitations qui seront corrigées au fil des sorties de jeu du genre (par Westwood et ses concurrents), mais les bases resteront toujours les mêmes.

Et pourtant, le studio, basé à Las Vegas, a mis du temps avant de se trouver une vocation pour les jeux de stratégie.

Vers la fin des années 80, c'est dans le portage de RPG et autres Dungeon Crawler que les américains se font connaitre. Avec un de leur plus ambitieux projet , Eye of the Beholder, paru en 1991, ils obtiennent enfin la reconnaissance et la gloire avec une création maison de qualité. S'en suit une courte période consacrée aux jeux d'aventure qui rencontrent un énorme succès à l'époque.

Westwood apparait donc comme un studio doué et touche à tout, mais il leur reste à se forger une identité forte, et développer LE jeu qui pourra les faire entrer au panthéon vidéoludique!

Le déclic se produit lors du rapprochement avec de plus gros studios comme Virgin Games. L'association (ou plutôt le rachat) permettra (à coup de dollars) de négocier les droits de Dune de l'univers de Frank Herbert et se lancer dans la création de Dune II en 1992 (on vous a déjà expliqué plus haut pourquoi il s'appelle Dune II alors qu'il n'est pas la suite du Dune de Cryo).

Dune II pose les bases d'un concept ultra simple et d'une efficacité redoutable qui deviendra un standard pour le genre dans toute l'industrie. La consécration viendra quelques années plus tard (en fait 3) avec le phénomène Command & Conquer qui améliorera substantiellement la formule du STR moderne née avec Dune II (et remplacera l'épice par le Tibérium au passage).