Histoire de la Playstation
Rédac Chef
La PlayStation à 30 ans! C'est cool, je suis donc vieux. La claque...
En 1994, Sony lance la 1ère Playstation. Comment la marque nipponne est passée en quelques années d'Outsider à Leader historique du jeux vidéo mondial
La Famicom a marqué l'histoire du jeu vidéo pour être la première vraie console grand public ayant donné ses lettres de noblesse au média.
La Playstation fut la console de jeux qui aura réussi le difficile passage de l'ère 2D à la 3D mais aussi du support cartouches aux très attendu CD-ROM. Elle est aussi la machine d'une génération qui voit le jeu vidéo passer à l'âge adulte, un peu comme les joueurs qui suivent l'évolution du média depuis le début des années 80. Dans une moindre mesure elle annonce l'avènement du multimédia avec des machines capables de faire bien autre chose que tout simplement jouer...
Retour sur une console qui mérite, autant que son illustre aînée, un statut de légende absolue du jeu vidéo.
Les premières incursions de Sony dans le mode du JV: je t'aime, moi non plus...
Dans les années 80, Sony est avant tout une entreprise high tech, un fabricant de composants électroniques et de produits innovants. On lui doit notamment le "Walkman" dont le première exemplaire sort en 1979! Le jeu vidéo n'est pas une préoccupation principale pour les dirigeants de Sony qui l'associent plus à un jouet, à quelque chose de pas sérieux.
Cela ne les empêche pas de s'acoquiner avec Nintendo pour produire la puce audio de la Famicom, domaine de prédilection de la société. Nintendo et Sony débutent ainsi un partenariat qui durera plus d'une décennie.
Au sein de Sony, un ingénieur visionnaire, du nom de Ken Kutaragi (voir photo ci-dessus), verrait bien son entreprise se lancer dans le jeu video comme fabricant de console, une idée saugrenue qui se traduit pourtant par un nouveau partenariat avec Nintendo pour produire un lecteur CD-ROM intégré à la Super Nintendo en 1990.
Le combat Cartouches // CD-ROM
Nintendo sent que le CD-ROM risque un jour de s'imposer à la place de ses très "chères" cartouches. On comprend la réticence de la firme de Kyoto qui voit d'un mauvais œil la remise en cause de son juteux business autour des cartouches qu'elle vend à prix d'or aux éditeurs tiers. Pieds et poings liés, ils sont pourtant résignés face à la situation quasi hégémonique du géant japonais.
Sony propose donc un deal permettant à la SNES de se doter d'un CD-ROM et de cartouches. Par la même occasion ils souhaitent pouvoir exploiter les même jeux format CD-ROM sur d'autres machines compatibles estampillées SONY... Une hérésie pour Nintendo qui veut cantonner Sony au rang de "simple" fabricant.
Comprenant rapidement que Sony a la ferme intention de s'implanter, avec ou sans leur aide, dans le secteur du jeu vidéo, Nintendo décide de passer un deal avec Philips pour le lancement du CD-i. L'annonce est faite au CES de 1991 (ancêtre de l'E3) et Sony vit l'affaire comme une coup de poignard dans le dos. Sony et Nintendo vont alors stopper leur partenariat sur le lecteur de CD-ROM/SNES, un divorce qui ne sera jamais vraiment soldé.
Le CD-i de Philips sera un échec cuisant et le partenariat avec Nintendo donnera naissance à une suite de jeux Mario et Zelda tellement mauvais qu'ils sont devenus cultes.
En 1992, le temps de digérer l'affront de Nintendo, Kutaragi arrive à convaincre le Board de Sony de le laisser travailler sur une console de jeu propre à la marque. Les arguments de Kutaragi et son équipe font mouche:
- Puissance du hardware
- Utilisation du format CD-ROM
- Maitrise de la 3D innovante
- Accessibilité pour les développeurs et éditeurs tiers
Malgré la réticence de certains, Kutaragi réussit à lancer son produit dans une génération de consoles 32-bits qui s'annonce embouteillée et donc très incertaine.
Les pubs de lancement de la Playstation
ajouté le 2024-10-14 20:20:35
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Le CAP
Sony Playstation et l'importance du Marketing au lancement
Il faut comprendre comment Sony a gagné ce capital sympathie assez énorme et sur lequel ils continuent de s'appuyer aujourd'hui. Mais à sa sortie, la PS avait presque tout pour elle. Un design classe, des jeux en 3D, le CD ROM qui exister toute la sphère hiTech de l'époque, une marque avait pignon sur rue, et surtout un prix ultra abordable. Même si le pari était osé, il n'était pas complètement irréfléchi...
D'ailleurs, la plupart des éditeurs tiers attendent avec impatience une vraie concurrence pour sortir de leur dépendance avec Nintendo depuis l'avènement de la Famicom.
Début 93, Sony va s'attirer les faveurs de certains d'entre eux en tissant d'étroites relations en vue du lancement de leur future machine. Au départ ceux-ci sont pourtant sceptiques au regard de ce géant qui a priori n'y connait rien en la matière.
Sony a besoin du soutien des éditeurs de jeux pour lancer sa console. Elle a beau être puissante, sans jeu elle est vouée à l'échec. En 1993, NAMCO et Psygnosis sont les premiers à se laisser convaincre de soutenir Sony et de développer des jeux pour le lancement de la PS.
En outre, la 3D devient le cœur de la stratégie de la Playstation, la technologie le permet et elle est à la mode même si difficile à maitriser. La fameuse démo du T-Rex, au moment de la sortie de Jurassic Park, et dont tout le monde se souvient, est un tournant dans l'acceptation du grand public pour cette 3D qui attire autant qu'elle questionne.
Grâce au coût réduit du support CD (un CD coûte forcement moins cher qu'une cartouche), le budget de lancement de la console est réalloué sur le marketing et la distribution.
Le Japon, un territoire à conquérir
La PS est donc lancée le 3 décembre 1994 au Japon, soit à peine plus d'une semaine après la Saturn de SEGA. Cette dernière est en train d'ailleurs de réaliser un excellent départ, un des meilleurs sur l'archipel. La Saturn a su créer une attente forte chez les "purs" Gamer, et elle semble gagner son pari.
Sony vise un plus large public. La puissance du groupe lui permet de dépenser sans compter pour des campagnes de pubs homériques. Visant un public branché mais pas forcément "geek" comme on dirait aujourd'hui, la stratégie est bien différente de celle de SEGA.
Les chiffres sont plutôt positifs, puisqu'il s'écoule environ 100.000 Playstation le 1er jour contre 200.000 Saturn. Pas mal pour un outsider qui vient juste d'arriver sur le marché.
La Playstation à ses début
Avec son look gris sobre, la PS embarque un processeur central R3000 dédié à la 3D et un coprocesseur réservé à la 2D (chose qui peut paraitre étrange aujourd'hui), 3Mo de RAM, un lecteur CD-ROM 1X, une manette et une carte mémoire pour les sauvegardes.
Le lecteur et les CD
La lenteur du CD-ROM en écriture sera un des principaux reproche de la console qui souffrira, contrairement aux cartouches, de lenteurs de chargement. A noter qu'il était possible d'écouter des CD audio. Pour la petite histoire, les CD de la Playstation sont enduits d'une laque noire. La véritable raison était qu'il fallait juste se démarquer des autres CD, notamment audio, il ne s'agissait nullement d'un obscur système anti-piratage ou autre. Avec le recul, je trouve que cela fait plutôt classe.
La manette
Avec ses poignées permettant une meilleur préhension, la manette de Sony rompt avec le consensus imposée par Nintendo jusqu'alors. Elle ne fait pas l'unanimité au sein de l'équipe mais a le mérite d'innover en proposant une double gâchette à l'arrière qui deviendra un standard.
Les symboles apparaissent sur les 4 boutons. Idéal pour les différencier mais revenons sur leur signification. Le triangle rappelle l'horizon. Le carré évoque le menu. Le rond signifie l'acceptation, la validation au Japon, la croix le refus mais cette signification est inversée pour la PS, une rupture avec ses origines qui se concrétisera par la suite. Ces symboles vont rapidement devenir l'ADN de la marque Playstation.
Notons pour les puristes que les sticks analogiques n'apparaissent pas dans les premiers modèles mais viendront un peu plus tard.
Fin 95, alors que la console s'apprête à débarquer en occident, il se serait vendu plus d'un million d'exemplaires de la Playstation.
La Playstation en France
La sortie occidentale de la console est annoncée à L'E3 1995. L'E3 est un salon incontournable du jeu vidéo, il est à l'époque l'endroit où le futur de telle ou telle machine se fait et se défait. La PS est attendue comme le messie et elle doit sortir en septembre 95 en Europe, et donc en France.
Nintendo étant empêtré dans le développement chaotique de son projet ULTRA64 (future N64), le concurrent à abattre est donc SEGA avec une Saturn qui fonctionne très bien au Japon mais dont la stratégie manque de clarté par ailleurs (Mega CD et 32X pour ne citer qu'eux).
C'est dans ce contexte que, faisant suite à l'annonce du prix de la Saturn, Sony surprend tout le monde en proposant un prix de lancement inférieur de 100$ à la console de SEGA.
Le pauvre hérisson bleu s'étrangle et Sony lance pour la première fois un principe qui deviendra la norme dans l'industrie: la vente de consoles à perte. Pensant se rattraper sur la vente de jeux, Sony crée le buzz et emporte avec lui l'adhésion du public face à SEGA. Un coup magistral que la société réitèrera au moment de l'annonce du prix de la PS4 des années plus tard, comme quoi l'histoire se répète.
SEGA acculé sera obligé de baisser ses prix et s'enfoncera encore plus dans les difficultés financières qui ont sans doute en partie avancé la mort de la Saturn et par ricochet de SEGA en tant que constructeur après l'échec de la Dreamcast.
Avec un prix de 299$, soit environ 2100 francs pour l'époque et des jeux autour de 400fr, la PS est armée pour séduire le plus grand nombre.
La demo qui tue
La PS est livrée avec un CD de Démo comprenant une compil de jeux disponible à la sortie, des démo techniques, un lecteur de musique et un tas de preview.
Les jeux disponibles au lancement sont peu plus nombreux que lors du lancement japonais, citons par exemple:
Toshinden : un jeu de combat honorable pour concurrencer le pionnier Virtua Fighter
Destruction Derby : un jeu de stock car
Ridge Racer : le jeu de course qui vous a fait acheter la console, avouez le
Wipeout : le jeu de course futuriste qui m'a fait acheter la PS, mon premier (et la musique...)
Loaded, un genre run and gun nerveux, digne descendant de Gauntlet et Alien Breed, superbe graphiquement mais beaucoup moins digne d'intérêt que ses ancêtres.
Sans oublier le premier Tekken qui sort dans la foulée, mais le line up est loin d'être spectaculaire. Cela dit, la ludothèque va très rapidement s'étoffer pour atteindre le chiffre impressionnant de 4000 jeux en fin de vie!
Une campagne Marketing puissante
Tout le monde se souvient des publicités de la Playstation à son lancement, moins punk que SEGA mais très drôles et décalées. En particulier celle du C.A.P (le comité anti Playstation) qui utilise tous les poncifs dont le JV est victime alors et conclue par un slogan d'anthologie: "ne sous-estimez pas la puissance de la Playstation" et surtout ne l'achetez pas. Une pub pour adolescent qui interdit quelque chose, une évidence non ?
Nous avons retrouvé dans les archives du net les publicités du C.A.P au lancement de la PS. Même si elles sont à l'origine imaginées pour le public américains, elles feront leur effet aussi dans la langue de Molière.
On se souvient peut être moins du camion Playstation qui va arpenter les routes des vacances de l'été. Profitant de son ancrage dans le monde de la musique, Sony intègre la promo de la console dans le tour musical estival de M6, le Beach Tour Musical en 1995. Idée géniale avec le recul, rien de tel pour paraitre branchée à l'époque. Le public composé d'adolescents et de jeunes adultes est conquis. Plus qu'à attendre la rentrée pour s'offrir le graal.
Pour la petite histoire, Sony n'a rien inventé concernant la tournée en camion à l'instar du bus Nintendo qui avait la lourde tâche de promouvoir la NES à son lancement en France au milieu des années 80.
Au final, Sony a réussi l'exploit de paraître branché alors qu'il vient juste d'arriver dans l'industrie en tant que constructeur.
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Conclusion et avis
Alors Directeur R&D de Sony Computer Entertainment, Ken Kutaragi, le gourou de la PS, disait déjà en 1995 que ce ne sont pas les caractéristiques techniques qui font vendre une console mais les jeux qu'elle propose (Que Dieu l'entende).
Avec un peu de recul on peut dire que la première Playstation avait les 2, une bête de course avec les jeux qui vont bien. Sans oublier un prix attractif, une machine facile à programmer grâce à un kit de développement à la pointe. Le système achève de convaincre développeurs et joueurs qui vont faire de la Playstation la console de la génération des années 90.
Il faut reconnaitre derrière tout ceci, la vision encore une fois de Kutaragi que l'on peut qualifier alors de véritable prophète du jeu vidéo pour le nouveau millénaire (extrait de Player One HS n°5). Le bougre voyait, à juste titre, un avenir radieux pour la Playstation.
Une vision qui s'est effectivement bien confirmée, si certains en doute encore aujourd'hui, hissant Sony et sa Playstation au rang de n°1 de l'industrie du jeu vidéo.
Produite jusqu'en 2006 et après avoir connu une vingtaine de modèles, la Playstation se sera écoulée à + de 100M d'unité. Plus de 100 jeux dépasseront le million d'exemplaires. Gran Turismo sera le jeu le plus vendu avec près de 11 M de copies à travers le monde. Elle ouvrira la voie à la PS2 qui deviendra la console la plus vendue au monde.
Pour toute une génération, la Playstation a permis au JV de devenir une activité presque branchée, presque un art au même titre que la musique ou le cinéma. On avait (presque) plus honte de dire qu'on avait une console, ou plutôt qu'"on avait une Playstation"!
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