Dans les années 90, les stars des bornes d’arcade comme R-Type, Thunderforce ou Gradius s’exportent sur consoles et micro ordinateurs. Certaines machines comme la PC-Engine, en firent même leur spécialité. Revenons sur les meilleurs shoot them up de l’époque, par ordre chronologique.
90-92: Révolution des machines 16bits et début de la fin de l’Arcade…
On est dans les années 90 ! Les SHMUP, comme on dit, débarquent sur les consoles 16bits comme la Super Nintendo ou la Mega Drive de Sega et bousculent le Gaming et les Gamers en proposant des graphismes rivalisant avec l’arcade. Les nombreuses franchises déjà en place confortent leur savoir-faire mais le Jeu-vidéo s’apprête à connaître une véritable révolution. Le début de la décennie regorge de très bon titres, souvent des suites, comme Thunder Force 3 de Technosoft sorti en 1990 sur la Megadrive qui met en avant son défilement horizontal et qui laisse la possibilité de traverser les premiers niveaux dans l’ordre de son choix. On aura même droit à une version sur arcade nommée Thunder Force AC.
Sur arcade 1941 : counter attack de CAPCOM est la digne suite de 1942 lui même suite de 1943 : The battle of Midway dont on a parlé précédemment. Logique quand on commence par 1943 on finit pas 1941… Le titre propose un défilement vertical maitrisé, un système de power-up toujours efficace mais rien de neuf finalement.
Les consoles portables ne sont pas en reste, puisque même la Game-boy aura droit à ses titres, s’il ne faut en retenir qu’un c’est Parodius, parodie de Gradius le bien nommé. Les univers futuristes sont remplacés par des ennemis mignons et fantaisistes, Nintendo veut soigner son jeune public et lui éviter les cauchemars des fins tragiques !
L’année 1992 va nous gâter avec d’excellents titres qui sortent sur les consoles 16 bits, en particulier la nouvelle star de big N, la Super Famicom au Japon, Super Nintendo chez nous. Rien de moins que Desert Strike, Super R-Type, Axelay et Super Aleste sur lesquels nous pourrons user nos petits doigts boudinés de l’époque. Encore aujourd’hui, il est conseillé aux profanes de s’y essayer tant ils sont toujours aussi jouissifs.
Desert Strike: Return to the Gulf
Sorti sur Megadrive et Super Nintendo. Attrapez votre Joystick, vous êtes aux commandes d’un hélicoptère de combat dans le désert du Moyen-Orient, au début des 90’s, toute ressemblance avec des évènements réels n’étant bien sûr pas fortuite. Bon, s’il ne brille pas par son scénario, il a le mérite d’en avoir un, et quand on voit la scène d’intro 30 ans plus tard… Ce qui fait surtout la renommée du jeu, c’est sa 3D isométrique. Cette technique permet de déplacer des éléments en 3D (sprite) sans changer leur taille et ainsi limiter la puissance de calcul. Cela donne en se déplaçant une impression de perspective.
Axelay (Konami) sur SNES :
Le jeu utilise un rendu assez original qui fait défiler le décor sous le vaisseau comme s’il avançait sur une sphère. Le vaisseau peut également subir des dégâts « localisés » et ainsi perdre l’usage d’une ou plusieurs des 3 armes dont vous êtes équipé. Difficile aussi, il faudra de la persévérance pour en venir à bout.
Super R-Type (IREM)
Une des premières cartouches au lancement de la Super Nintendo, en tout cas lors de sa sortie en France. Toujours très difficile, il pâtit de nombreux ralentissement qui ajouté l’agacement à la difficulté extrême du genre, qui fait tout sauf se renouveler.
On lui préfèrera d’autres hits de l’époque sur SNES comme Super Aleste ou Axelay bien plus fluides.
Super Aleste:
Sorti du SNES est plus classique puisqu’il reprend le scrolling vertical. Ce qui le caractérise à l’époque c’est son extrême fluidité. Le jeu est d’une rapidité hallucinante et on peut détruire des éléments du décor.
Starwing – une puce nommée FX
En 1993 sort Star Wing ou Star Fox outre atlantique.
Développé par Nintendo EAD en partenariat avec les anglais de Argonaut Games, il s’agit en premier lieu de créer un hardware capable d’améliorer les capacités graphiques de la vieillissante SNES et surtout de mettre un pied dans la 3D à peine naissante. En gros on assiste au tout début de l’accélération matérielle qui va s’appeler sobrement la SUPER FX, une puce qui sera intégrée directement dans la cartouche de jeu. Star Wing est donc le fruit de la R&D de pointe d’Argonaut et de l’expérience avant-gardiste de Nintendo en matière de gameplay.
Pour revenir au jeu, il s’agit d’un rail-shooter, sous-genre du SHMUP qui se caractérise par une liberté de mouvement réduite du fait de l’imposition d’un chemin précalculé au joueur mais nécessaire pour l’immersion des jeux en 3D car sinon la visée serait malaisée et le plaisir gâché par une camera erratique. Donc en plus de la technique novatrice, Nintendo installe une mise en scène grandiose avec des cinématiques, un scénario et une bande son signée Hajime Hirasawa. Les cinématiques sont « tournées » avec le moteur du jeu et cela renforce l’expérience (puisqu’on ne lâche pas sa manette).
Starwing introduit la véritable 3D polygonale dans le genre
Même après tout ce temps le jeu reste plaisant à jouer. Il sera le premier de la licence Starfox. Pour ceux qui n’ont pas de SNES sous la main, il est jouable sur la Super Nintendo mini. Aller on passe à la suite car on pourrait parler des heures de ce jeu, d’ailleurs on pourrait même faire un article dédié, à bon entendeur…
On ne va pas occulter d’autres jeux sortis en 1993, comme RTYPE 3 sur SNES et GBA (IREM) ou Darius Force (TAITO) également sur la console de Nintendo. Mais la messe est dite, circulez, hop hop hop !
On reprend nos esprits et on revient un peu sur l’arcade, en 1994 sort Aero Fighters 2 (Sonic Wings 2 au Japon) édité par SNK pour les systèmes NEO-GEO. Un très bon SHMUP vertical et nerveux où on pilote et affronte des aéronefs modernes.
Déclin du genre au mitan de la décennie
A partir du milieu des 90’s, le genre est soudain moins prolifique mais surtout il va connaitre une mutation. Les consoles de 5e génération offrent de nouvelles possibilités avec l’arrivée des polygones en mouvement : la 3D. La sales d’arcade se vide et le jeu est désormais majoritairement pratiqué dans son salon ou sur son micro.
Vous l’aurez deviné la PlayStation de SONY et la Saturn de SEGA arrivent et promettent de tout balayer tout sur leur passage. Cependant quelques titres sympas sortent sur ces machines et donnent au genre un second souffle avant de complètement le transformer.
Philosoma (PSOne) Aero fighters 2
Philosoma de G-Artists est une exclusivité de la PlayStation, sort en 1995. Il alterne des phases de jeu verticales, horizontales, 2D et 3D. Mais surtout il restera dans les mémoires pour ses cinématiques bluffantes pour l’époque. L’intro est déjà assez impressionnante même encore aujourd’hui. On peut dire que c’est un de mes coups de cœur, une pépite que j’ajoute volontiers dans mon top 10 de la décennie. Parce que oui j’ai le droit, c’est complètement subjectif et c’est mon article !!
Je ne parle pas de Strikers 1945 (Arcade) et Xevious 3D de NAMCO encore sur la console de Sony et qui rend hommage au 1er sorti en 1982.
En 1996, la Jaguar aura droit à son SHMUP, Defender 2000, vite oublié comme la console d’ailleurs qui sera une des nombreuses victimes de la guerre des 32bits.
Panzer Dragon 2 sur Saturn est le rail shooter par excellence de Team Andromeda. La série mériterait qu’on s’y attarde mais il faut faire des choix.
En 1997 sort la suite de Star Wing, Star Fox 64 connu sous le nom de Lylat Wars.
Les sorties de qualité se raréfient et on constate une surreprésentation des rails shooter. Il faut attendre 1998 pour mettre nos petits doigts délicats sur un petit trésor : Blazing Star développé par Yumekobo pour SNK sur Neo-Geo. Univers très coloré, qui mérite bien son nom puisque la Blazing Star ou Liatris de son petit nom est une superbe fleur des champs rose fuchsia. Bon je vais le dire franchement j’ai un faible pour ce jeu. Je vous invite à l’essayer. Gun Bird 2 la même année va nous enchanter avec son univers cartoon bourré d’animations humoristiques. Il sera adapté plus tard sur Dreamcast et Playstation 2. Pour les mieux équipés, vous pourrez l’essayer sur la Nintendo Switch puisque une version est dispo depuis 2018.
Sorti sur Playstation, R-Type Delta, 4eme du nom toujours chez Irem, est l’avant-dernier de la série et un très bon cru puisqu’il introduit savamment la 3D sans révolutionner le genre. Gradius IV (Konami) est aussi le 1er de la série à incorporer de la 3D pour sa part.
On termine la décennie avec 2 titres : D’abord GigaWing (Takumi) chez Capcom sur arcade et aussi Dreamcast. Pourquoi lui ? parce qu’il me permet d’introduire un genre un peu particuliers de SHMUP, le manic shooter. L’idée simple est de remplir l’écran de missiles et de projectiles, il est quasiment impossible d’y échapper sauf à connaitre la position safe au millimètre. Même si la hitbox se limite à sa plus simple expression (un pixel au centre du vaisseau), ce genre est horriblement dur. C’est pourquoi dans GigaWing on peut utiliser un pouvoir spécial bien pratique le reflect force, une sorte de sphère de protection se forme autour du vaisseau et renvoie les balles ennemis. Toutefois, il met un certain temps à se recharger et rend le vaisseau vulnérable. En cas de problème vous pouvez toujours déclencher une giga bombe qui détruit tout à l’écran y compris les balles.
Prehistoric Isle 2 vient clore le débat. Son originalité vient de son univers rempli de dinosaures (il surfe sur le succès des film sur les dinosaures). Il est possible de sauver des petits humains sur le passage, et de combattre de grosses bêtes en guise de boss. C’est fun et bien rythmé.
C’est presque fini
Après cette quasi domination sans partage du genre jusqu’à la fin de la décennie, il y a eu une baisse certaine de l’intérêt des joueurs pour les SHMUP.
Il y a bien eu quelques tentatives pour remettre le genre au goût du jour. Mais les nouveaux joueurs sont maintenant habitués à des jeux plus immersifs, moins punitifs et avec un intérêt moins limité. Les jeux de tir à l’ancienne sont difficiles, parfois frustrant mais c’est ce qui faisait l’essence même du genre. Si on enlève cela il ne reste plus rien si ce n’est des écrans qui défilent sans grand intérêt. Ils sont au final les témoins d’une période révolue
Bien sûr, tous les titres n’ont pas peu être mentionnés, c’est normal vu le nombre. Les micro aussi ont eu droit à de superbes adaptations. Rappelons également que grâce à l’émulation, il est aujourd’hui encore possible de découvrir ces jeux pour peu qu’on arrive à trouver la bonne ROM.