Un démon à abattre.
Diablo, le jeu de Blizzard qui changea notre vision du Jeu de Rôle / Action
Après le succès de Warcraft 2, Blizzard sort à nouveau sa baguette magique à fabriquer des hits. S’ils n’inventent absolument rien (c’est ça le plus fort), ils délivrent avec maestria un chef d’œuvre qui redessinera durablement les standards du genre Hack’n’slash médiéval-fantastique démoniaque, le tout servi par une réalisation impeccable et abusivement addictive. Diablo JDR-action épique, c’était en 1996.
Select Hero, New Game…
C’est l’histoire d’un guerrier paumé qui arrive dans un village sinistre. Vêtu d’une tenu légère et armé d’un cure dent vous découvrez dans une lande lugubre le village de Tristram (rien que son nom vous donne le bourdon) dans lequel vaquent les principaux personnages non joueurs (les PNJ) du jeu. C’est à ce moment que vous rencontrez le fameux Deckard CAIN en personne. Celui-ci, en plus de raconter sa vie, vous indique qu’il peut identifier des objets pour vous (moyennant finance bien sûr, car rien n’est gratuit dans le monde de Diablo ou presque).
Un peu plus loin, c’est au tour de Griswold, le forgeron, de vous expliquer que contre quelques piécettes vous pouvez acheter, vendre ou réparer des objets. Vous venez de rencontrer votre meilleur ami. PEPIN le soigneur propose des soins gratos, bon à savoir. Ogden, propriétaire du seul tord boyaux du coin vous conseillera de vous rendre à l’église un peu plus haut qui selon lui a été profanée (traduisez : infestée de démons purulents et difformes). Maintenant votre quête peut commencer.
Sur le chemin vous croiserez peut être le jeune Wirt à la jambe de bois, personnage ô combien important et emblématique de la saga. Arrivé devant l’église, le ton est donné. Un homme agonisant attendait juste votre arrivée pour vous dire ô combien il est dangereux de pénétrer dans ce lieu avant de trépasser lamentablement sous vos yeux. Ni une ni deux, vous entrez dans le bâtiment qui se révèle être l’entrée du premier niveau d’un donjon composé de 15 sous-sols.
Plongé dans la pénombre, vous découvrez les bas fonds de l’enfer. Un enfer peuplé de squelettes, de morts vivants, de goules, de chauves-souris, démons vicelards et autres xénomorphes sortis tout droit de l’esprit tordu des développeurs de Blizzard North.
Des décors détaillés en 3D isométrique accompagnent ce riche bestiaire. Le mal est partout, on à même l’impression qu’il suinte des murs derrière les ombres vacillantes des flambeaux qui éclairent les lieux.
Après cette loooooongue mais nécessaire introduction, passons maintenant à l’action puisqu’on est venu pour en découdre !
Ouvrir porte, taper monstre, ramasser objet. Ouvrir porte, tap… Diablo, le JDR-action épique selon Blizzard
On pourrait résumer ainsi le gameplay de Diablo et on serait pas loin de la vérité :
Abattre tout ce qui bouge, fouiller les corps, les coffres et piller les sarcophages (en évitant les pièges). Diablo est avant tout un jeu d’action. Il distille quelques éléments de jeu de rôle se limitant à l’attribution de points d’aptitude et une gestion très basique de l’équipement de votre héros, point barre. Mais si les adeptes d’Ultima (la référence du jdr à l’époque) seront un peu déçus au début, personne ne peut résister à la qualité de la réalisation et la simplicité parfaite des mécaniques de jeux. Le « ouvrir porte, taper monstres, ramasser loot, etc » cache en réalité une profondeur qui rend dépendant, au point de ne pas voir passer les heures, parole de victime.
Diablo va populariser le JDR-action épique en mettant en avant l’action débridée en temps réel, tout en conservant les éléments de progression du personnage propres au genre. C’est l’avènement du HacknSlash voire la naissance d’un genre à part entière aussi surnommé le « Diablo-Like ».
Taper sur tout ce qui bouge » résume assez bien le gameplay de Diablo
Si le premier niveau parait relativement simple, surtout si vous jouez un guerrier, la suite va se corser rapidement. Sachez qu’il existe 15 niveaux dont la difficulté augmente bien entendu et que vous ne disposez que d’un emplacement de sauvegarde. Il va falloir donc bien gérer vos vie et mana et économiser vos ressources car une fois épuisées, c’est la fin annoncée de votre descente.
Pour simplifier votre progression, car vous n’arriverez pas du premier coup à faire les 15 niveaux et tuer Diablo, je vous l’assure, vous allez gagner des points d’expérience à chaque monstre tué. Au bout d’un certain nombre de points vous passez un niveau et le jeu vous octroie 5 points d’aptitudes à dépenser dans différentes caractéristiques plus ou moins intéressantes selon votre classe (Force, Magie, Dextérité, Vie). C’est un des piliers de l’addiction du jeu, car le joueur est finalement récompensé au temps qu’il passe à … jouer.
L’intello, la brute et le fourbe
3possibilités pour effectuer votre tâche de nettoyage :
- La force brute : le Guerrier
- La discrétion : le Rogue
- Le maître des éléments : le Sorcier
Vous êtes cuits, en plus du reste vous allez devoir refaire 3 fois minimum le jeu pour varier les plaisirs puisque les classes sont assez différentes à jouer.
D’aucun pourraient arguer de l’aspect répétitif du jeu mais ils ne connaissent pas Diablo. La technique est simple et sans appel.
Comme vous allez refaire des centaines de fois le donjon unique du jeu, même s’il comporte 15 niveaux, les développeurs ont prévu le coup en faisant en sorte qu’il soit différent à chaque partie. En d’autres termes les niveaux sont aléatoirement reconstitués à chaque partie, vous donnant l’impression de ne jamais emprunter le même chemin à chaque fois. Ce n’est pas nouveau mais c’est la base de la jouabilité du Dongeon Master. Les loots (butin) et ennemis sont également générés aléatoirement et en fonction de votre niveau, il est donc impossible de trouver l’arme ultime au niveau 1.
L’interface frôle également la perfection et elle évoluera d’ailleurs très peu dans les épisodes suivants, quand on y pense, quelle vista de la part des développeurs, un coup magistral.
Un onglet « Personnage » dans lequel vous voyez toutes vos caractéristiques et votre jauge d’expérience. Un onglet pour gérer votre « Inventaire » et en un clin d’œil voir votre jolie déguisement d’Halloween, sans parler des jauges de vie et de mana bien en évidence en bas de l’écran. Tout peut se gérer à la souris, les déplacements et la navigation dans l’interface, mais les développeurs ont prévu des tonnes de raccourcis personnalisables. Les combats aussi, c’est clic gauche pour taper, clic droit pour lancer des sorts et c’est tout ! Une simplicité déconcertante mais d’une efficacité redoutable.
Vous l’aurez compris, il faudrait être d’une malhonnêteté intellectuelle sans bornes pour ne pas admettre que Blizzard, dès 1996, impose les fondements d’une de ses plus belles pépites.
Diablo JDR-action épique
Tout y est ou presque, je me répète :
- Interface lisible et complète
- Système de combat simple et efficace
- le loot !
- la re jouabilité
- le multijoueur, déjà à l’époque Diablo introduit ce principe qui sera repris par la suite et amélioré.
Les opus suivants transformeront l’essai, mais il faut reconnaitre que déjà les fondements sont posés. La mayonnaise a pris et les changements à venir ne feront que conforter Diablo à sa place de numéro 1 des JDR-action nerveux et addictifs.
Diablo aura droit à une extension de qualité, Hellfire, dans laquelle vous pourrez découvrir de nouvelles zones et un nouveau personnage, le moine guerrier.
Le jeu sera porté sur console PS1, avec plus ou moins de réussite.
On a aimé:
- les décors fantastiques
- le bestiaire absolument horrible
- la jouabilité
- l’interface
- l’ambiance
- Tout le reste!
On a moins aimé:
- Rien !
- Aller, on aurait aimé avoir plus d’une sauvegarde…