Samurai Showdow

Samurai Shodown, le tranchant de SNK

Combat de katana et esprit Samurai selon SNK. Samurai Shodown ou Samurai Spirit de son titre original est la Saga ultime de combat à l’arme branche de la console Neo-Geo

Comment parler de Samurai Shodown sans lier intimement son histoire à celle de la mythique console qui a vu naître le premier opus de la série en 1993, il y a presque 30 ans déjà !

Mais prenons un peu de recul et revenons 15 ans en arrière, en 1978, date à laquelle nait la société SNK dans la ville japonaise d’Osaka.

Nous sommes aux balbutiements du marché de l’arcade, dominé alors par ATARI, Midway et TAITO avec son Space invaders sorti la même année.

SNK va se tailler une solide réputation et connaitra son premier grand succès en 1986 avec Ikari Warriors, un jeu de guerre gonflé à la testostérone façon Rambo et qui sera repris sur la Famicon (NES) de Nintendo avec un succès certain.

En 1990, SNK commercialise un système d’arcade révolutionnaire, le MVS. En gros il permettait d’installer plusieurs cartouches de jeu sur la même borne d’arcade, pratique pour passer d’un jeu à l’autre. SNK s’est aussi taillé une solide réputation avec ses jeux d’arcade au style inimitable. Mais la force du MVS ne s’arrête pas là.

Fort de son succès, la société nippone décline son hardware arcade en mettant au point sa propre console de salon, la NEO-GEO AES (pour Advanced Entertainment System).

Dès 1990 SNK décline son hardware arcade en mettant au point sa propre console de salon, la NEO-GEO AES (pour Advanced Entertainment System).

La première console 100% arcade

Le hardware de la console est le même que celui de la borne d’arcade, l’idée de SNK étant de faire entrer dans le salon du joueur les mêmes jeux auxquels il joue dans les salles d’arcade et en même temps (« day one » dirait-on aujourd’hui). C’est un concept énorme qui n’est accessible au début qu’aux joueurs les plus fortunés car la console et ses jeux sont hors de prix comparés aux concurrents.

Tout cela pour dire que la console est au début des années 90, la « Rolls des 16-bits ». Techniquement elle dépasse de loin les Megadrive et Super Nintendo.

neo-geo

Avec ce hardware très haut de gamme, SNK imagine en 1993 un jeu de combat dans lequel les combattants se battront non plus avec leurs pieds et leurs poings mais avec des armes blanches, le tout dans le japon féodal du XVIIIe siècle : Samurai Shodown, ou Samurai Spirits dans sa version originale, est né. Il faut dire qu’à notre plus grand dam la majorité des titres japonais étaient en général rebaptisés lorsqu’ils sortaient dans nos vertes contrées occidentales.

Avec la Neo-Geo, SNK fait entrer le jeu d’arcade dans le salon du joueur

Histoire fantastique au Japon féodal

L’histoire se déroule dans le Japon féodal du 18e siècle (1788 pour être précis). Cela peut vous paraître étrange mais le système féodal japonais, contrairement à l’Europe, perdure jusqu’à la fin du 19e siècle.

Nous nous situons donc dans cette période trouble de transition durant laquelle les Samurais, représentation ultime des guerriers de cette époque, vivent leur derniers instants.

La famine fait rage, le Japon sombre dans une terrible crise et la guerre se termine par la mise en place d’un nouveau Shogun. Mais un sorcier maléfique nommé Shiro Tokisada Amakusa (le méchant du jeu et boss de fin) ne l’entend pas de cette oreille. Il se lie avec les forces du mal (qui lui accordent sa résurrection) pour se venger de ceux qui ont entrainé sa défaite.

Bien entendu cette agitation va attirer de nombreux combattants venus du monde entier. Parmi eux, Haohmaru est le personnage principal jouable du jeu. Il est le combattant Samurai par excellence, un Ronin qui voit ici une occasion d’affuter son art de l’épée.

Le casting « international » du jeu permet aussi de mettre en avant différents types d’armes et de personnages parfois hauts en couleurs.

Parmi le « roster » officiel de 12 combattants du 1er jeu, on retrouve en plus de Haohmaru :

  • Nakoruru, the mother nature guardian
  • Ukyo Tachibana, un épéiste romantique
  • Wan-Fu, un robuste guerrier chinois
  • Tam Tam, un combattant venu de la jungle
  • Charlotte, une aristocrate française à l’estoc redoutable
  • Galford le punk avec son chien
  • Kyoshiro Senryo, l’acteur de Kabuki
  • Earthquake, un combattant américain obèse et qui lâche des caisses (sans déconner ?)
  • Hanzo Hattori, le ninja
  • Jubei Yagyu, un autre Ronin avec 2 épées
  • Genan Shiranui, un monstre verdâtre armé d’une griffe acérée

Chacun possède ses propres attaques ou « move set » et dispose d’attaques spéciales dévastatrices.

Le système de jeu repose sur 2 aspects originaux

  • une jauge de rage qui monte en fonction des coups reçus : la POW. Lorsque la jauge arrive à son maximum, le personnage devient rouge et vous pouvez déclencher un mode rage qui rend toutes vos attaques critiques mais pendant un laps de temps très court. Bien utilisée, cette capacité peut faire basculer le combat si sciemment utilisée.
  • la possibilité de se battre avec son arme ou à mains nues. En effet, il est possible de se faire désarmer ou de désarmer l’adversaire pendant le combat, en général après une petite animation où vous devez appuyer frénétiquement sur un bouton. Avant de récupérer votre arme vous devrez vous battre à mains nues quelques secondes, ce qui permet à l’adversaire d’en tirer un avantage certain.

Le jeu dispose de son lots d’attaques petites, moyennes ou lourdes et de combos dévastatrices qu’il faudra apprendre au fil des combats.
Notons quelques effusions de sang sur le coup létal qui rendent l’ensemble très réaliste.

La magnifique musique et l’essentiel des dialogues sont en japonais, ce qui garantit une immersion totale dans l’ambiance du japon féodal.

Une saga culte et indissociable de l’histoire de la Neo-Geo

dans Le 2, Haohmaru affronte son ancien maître

A l’instar des King of Fighters ou Metal Slug, les 14 années de vie de la console de SNK seront régulièrement jalonnées de titres de cette splendide franchise de combat.

En 1994, sort le 2e épisode: Samurai Spirits – Haōmaru Jigokuhen. Pour faire simple, les forces du mal sont de retour et nos héros vont à nouveau devoir s’affronter.
Après l’accueil extrêmement positif du public pour le 1er opus, SNK décide de remettre le couvert en ajoutant pleins de nouveautés :

  • de nouveaux personnages : 4 en tout dont, petit clin d’œil, Nicotine Caffeine redoutable moine et ancien maître de Haohmaru.
  • de nouveaux mouvements comme les roulades avant et arrière,
  • un système de parade qui lorsque activé au bon moment permet une riposte dévastatrice sur l’adversaire.

Beaucoup s’accordent pour dire que le 2eme épisode est le meilleur de la série.

Samurai Shodown 3 (Samurai Spirits – Zankurō Musōken): l’épisode du renouveau

Sorti en 1995, il apporte beaucoup de changements d’abord dans le design du jeu et certains personnages sont retirés alors que de nouveaux font leur apparition, il est désormais possible de jouer des personnages boss comme Zankuro par exemple.

En plus de ces changements cosmétiques, le système de jeu évolue, laissant la possibilité de choisir 2 versions à chaque personnage :

  • la version Slash qui est la version classique du jeu
  • la version Bust dans un style plus agressif et introduisant de nouveaux mouvements

Il est possible également lors de contres réussis de faire pivoter les personnages et d’enchainer directement des coups.

Bien que les effets soient spectaculaires et le design convainquant, cet épisode, plus sombre, sera boudé par les fans. Le retrait de certains personnages emblématiques ne passe pas et les combats sont jugés trop courts.

Samurai Shodown IV – Amakuza’s revenge: mort et honneur

En 1996, le 4e opus tente de faire un retour au source pour combler les fans déçus par le 3eme épisode. Il marque le retour des personnages qui avaient été retirés précédemment comme la charismatique Charlotte de Versailles. Le style tire également plus vers l’anime, ce qui le rend plus coloré, moins sombre. Il y aura 17 personnages jouables en tout.

Pas si différent finalement au niveau du gameplay, il introduit cependant des nouveautés inspirées comme le suicide du personnage ou mort honorable, qui permet de débuter le round suivant avec la jauge de rage au maximum. Il est également possible de déclencher des fatalités à l’instar de Mortal Kombat sur certains finish.

Samurai Shodown IV

Le dernier épisode développé pour la console Neo-Geo par SNK puisque la société fera faillite en 2001. Entre temps on aura droit à des épisodes développés sur d’autres supports comme la Playstation, la Saturn et même la Dreamcast.

Samurai Shodown 5: le retour de la franchise sur console pour SNK en 2003

Entre temps, il y a bien eu le malheureux Samurai Shodown 64, 1er jeu de combat en 3D de SNK en 1997, mais il n’est sorti que sur le système arcade Hyper Neo-Geo 64 qui fut un tel échec commercial que jamais il ne fut porté sur console…

Revenons à ce 5ème épisode, il s’agit d’un retour en forme de prequel puisque le jeu se situe chronologiquement avant les évènements du 1er épisode.

De nombreux personnages sont ajoutés, portant ainsi le total jouable à 24. On notera la disparition du mode Slash/Bust, système en vigueur depuis le 3ème épisode. Les fans s’accordent pour considérer ce 5eme élément comme un des moins réussis de la saga, sans être raté non plus.

Samurai Shodown 5 Special: Last but not least?

Version améliorée du 5eme opus, il sera le dernier titre officiel sorti sur Neo-Geo.

L’équilibrage par rapport au 5 est amélioré. Le gameplay reste assez similaire à son prédécesseur mais les développeurs ont apporté quelques modifications comme le « Overkill move » qui met fin instantanément au match quelque soit le nombre de points de vie de l’adversaire.

En contrepartie, les conditions de son exécution sont bien évidemment difficiles à réunir.
Enfin, de nouvelles fatalités bien gore sont ajoutées mais cela conduira le jeu à être censuré sur les versions arcade.

Samurai Shodown 5 Special sera le dernier titre officiellement développé sur la Neo-Geo en 2004

S’il n’est pas le meilleur, le 5eme épisode marque la « mort » officielle de la Neo-Geo qui peut se targuer d’une durée de vie record pour une console de sa génération, 14 années de bons et loyaux services.

La Neo-Geo a comme les autres en son temps dû se résigner à disparaître, enterrée par les consoles de la génération 3D. Avec le recul on reconnaitra que sur les derniers jeux en 2D elle était capable de faire beaucoup mieux que les PlayStation et consœurs !

Conclusion

Samurai Shodown est considéré par beaucoup comme le 1er jeu de combat avec des armes (armes blanches en l’occurrence) et une des saga les plus connues de SNK.

Si on creuse un peu, il y a bien eu Budokan en 1989 (édité par EA), qui propose des combats en dojo en pratiquant différents arts martiaux donc le combat de sabre mais aussi bien le karaté. Cependant on est tout de même loin de l’ambiance du hit de SNK et surtout de la profondeur de son background.

Le style Japon médiéval avec son ambiance unique et ses duels au katana a été mis en valeur par samurai Shodown. Aujourd’hui le genre connait un très net regain d’intérêt avec de nombreux titres sortis coup sur coup et qui ont été de réels succès comme les Nioh, Sekiro ou Ghost of Tsushima.

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